Avec le temps, le talent créatif de l’artiste s’est mélangé avec les racines culturelles de divers endroits du monde, en plaçant toujours l’identité cubaine comme protagoniste de son œuvre ; c’est la raison pour laquelle il est si universel. Aussi parce qu’il s’appuie sur la figuration comme sur l’abstraction, avec ce que sa créativité ajoute pour concevoir ses pièces avec les matières les plus variées, surtout toutes celles qui ont quelque chose à apporter et à dire dans l’environnement où il les sème. Il y a des peaux en acier, du bronze, du béton, de la pierre jaimanitas, du marbre, du granito, des blocs de carrière, des métaux, du bois, du fer, de la résine peinte, de la céramique émaillée, du cuivre… Un arc-en-ciel de matières qui, individuellement ou combinées, rehaussent les sculptures dans un piédestal artistique personnel qui saisit les regards.
Je vous présente José Villa Soberón (Santiago de Cuba, 1950), Prix National d’Arts Plastiques en 2008, qui a étudié à l’École Nationale d’Art de La Havane à partir de 1971 et, en 1976 a commencé ses études supérieures à l’Académie d’Arts Plastiques de Praga (Tchécoslovaquie). Dans cette ville, il a eu la possibilité d’atteindre une habilité spéciale dans la sculpture figurative à laquelle il ajouterait plus tard une capacité singulière et personnelle pour la réaliser, et qui lui a apportée beaucoup de joie tout au long de sa trajectoire créative. Il a été professeur de sculpture pendant presque 30 ans, Doyen de la Faculté d’Arts Plastiques de l’Institut Supérieur d’Art (ISA) durant un lustre et président de la section d’Arts Plastiques de l’UNEAC (Union National d’Écrivains et Artistes de Cuba) pendant 10 ans.
C’est l’artiste qui s’est emparé le plus des espaces publiques dans ces derniers temps « et a contribué à l’apparition ou à la confirmation de mythes qui avaient demeuré latents dans l’imaginaire collectif et qui, grâce à son art, ont dépassé la dimension locale dans de nombreux de cas », selon l’explication de Lilian Llanes dans le livre José Villa Soberón : Hijo del espacio. La première pièce a été Che Comandante, amigo (1981), Prix du concours avec lequel l’on rendrait hommage au Guerrillero Heroico dans le Palacio de Pioneros du Parc Lenin à La Havane, un centre destiné à l’orientation professionnelle des enfants et jeunes adolescents. Avec ce projet, réalisé avec l’architecte Rómulo Fernández, les dés étaient jetés… et tel qu’il a été dit à plusieurs reprises, il change la manière d’envisager et créer des monuments commémoratifs dans notre Île. Les exemples de travaux qu’il a continués dans ce sens, avec un esprit abstrait et géométrique, seraient innombrables, surtout avec les architectes Mario Coyula et Emilio Escobar qui avaient obtenu le Prix du Concours pour le Mausolée aux Martyrs du 13 Mars et l’ont invité à faire partie du projet. C’est le début de la collaboration avec eux qui lui a ouvert de nombreuses portes, transformées en œuvres qui sédimentaient le chemin du célèbre créateur. Ce sont nombreux, les travaux qu’il a laissés tout au long de l’Île et dans le monde aussi ; ils témoignent de sa créativité ingénieuse.
Le Monument à John Lennon
Un moment de hauteur dans son travail sculptural est représenté par la pièce Hommage à John Lennon, située dans un parc du Vedado, qui est apparue au début du XXIème siècle dans le cadre d’un concours pour la construction du monument dédié au légendaire musicien, que le sculpteur a gagné. Un projet qui avait beaucoup d’ingrédients, surtout de la nostalgie de ceux qui n’ont pas pu profiter pleinement des rythmes de cette époque-là. C’est-à-dire, que pour les artistes, l’œuvre constituait une dette à payer, et José Villa n’a pas été l’exception. Avec l’expérience accumulée, il a mis mains dans l’œuvre et a créé cette pièce qui se repose dans un banc du parc et qui avec le temps a atteint une grande notoriété dans le contexte havanais, car elle a fasciné tous les visiteurs depuis le premier jour et aujourd’hui, elle représente un important symbole de la ville. La sculpture est visitée quotidiennement par des Cubains et des milliers de touristes qui ne veulent pas rater l’opportunité de jouir du Lennon en bronze de La Havane. À partir de ce moment, Villa a reçu énormément de commandes de ce type de travail pour le contexte urbain sur des personnalités de l’imaginaire culturel, politique, social… Et se sont levés à différents endroits de La Havane et dans d’autres provinces, ces pièces avec la peau en bronze qui captivent tous et qui reflètent la marque et l’amour de l’artiste.
Dans la partie ancienne de la ville de La Havane, vous pouvez rencontrer de nombreuses pièces, comme des Hommages, qui nous approchent quotidiennement à beaucoup de personnalités: le Caballero de París (2001) à la Basilique Mineure du Couvent Saint François d’Asis ; Preso 113 (2003) à la Fragua Martiana ; Madre Teresa de Calcuta (2003) au jardin du Couvent Saint François d’Asis ; Hemingway (2003) au restaurant Floridita ; Antonio Gades (2007) à la Place de la Cathédrale de La Havane ; García Márquez II (2017) aux jardins du Palais du Marquis de Arcos ; Alicia Alonso (2017) au Grand Théâtre de La Havane Alicia Alonso, ce sont des exemples. Il y a d’autres érigées en dehors de la capitale, dans d’autres villes de l’Île, comme la sculpture à Benny Moré (2004) à la Promenade du Prado à Cienfuegos, ainsi que beaucoup d’autres dispersées par les villes du monde, par exemple Tin Tan (2001) à Ciudad Juárez au Mexique, García Márquez I (2016) au Musée des Caraïbes à Barranquilla en Colombie ; M. Barry Bowen (2017) à l’aéroport de Belize ; Sir Joseph Francis (2017), au parc de los Próceres à Saint Kitts et Nevis, José Marti II (2017), à Jungay à Santiago de Chile ; Napoléon Bonaparte (2018) au Café Córcega en France…