María Eugenia Barrios

Maria Eugenia Barrios : La Passion Dans la Peau

Dernière modification: janvier 26, 2023

Le seul fait de prononcer son nom : Maria Eugenia Barrios, c’est convoquer des synonymes qui l’escortent toujours : amour, passion, professionnalité, culture, talent, soif de vivre et de chanter, art…, conjugués avec une voix qui nous régale et qui nous fait sentir dans la peau des étranges sensations sonores qui éveillent des rêves.

Chaque 31 mai, les souvenirs se tutoient à l’intérieur de notre soprano Maria Eugenia Barrios car frappent à sa porte ces premiers pas d’un long chemin commencé avec son diplôme de Maitresse, ce même jour mais en 1959. Elle chantait la Salida de Cecilia Valdés avec la Bande Nationale de Concerts sous la direction de l’éminent maitre Gonzalo Roig. Un point de départ glorieux pour une jeune fille de 18 ans qui aimait le chant lyrique… C’était à l’amphithéâtre de l’École Normale pour la Formation d’Enseignants de la Havane. Et face à ces professeurs de la bande, avec la présence du maitre Roig –créateur de la pièce lyrique- et le public qui a comblé l’amphithéâtre, « j’ai eu le sentiment d’être au Metropolitan ou au Scala, telle était mon émotion », a déclaré l’artiste. Le temps est passé, pourtant Maria Eugenia Barrios qui a étudié entre 1966 et 1972 au Conservatoire Tchaikovski à Moscou avec la réputée chanteuse et Professeur Emérite Nina Lbovna Dorleak, continue imperturbable dans cet espace de l’art atteint par un nombre restreint de musiciens. Cette prestigieuse soprano qui en décembre 2020 a fait son 80e anniversaire, n’a jamais quitté la scène et continue à offrir son incontournable voix et charisme sur scène dans de nombreux concerts où elle nous fait toujours des surprises. En premier lieu, quant au répertoire, d’une richesse assez rare qui nous permet, en plus, de nous approcher de différents styles de l’art vocal.

Vaste Galerie de Personnages

La célèbre soprano lyrique cubaine Maria Eugenia Barrios est aussi diplômée en Art Lyrique et professeur d’excellents chanteurs qui ont donné un grand prestige au nom de Cuba dans le monde. Elle a établi une référence dans le large répertoire construit au cours du temps ; a laissé une immense trace de succès et une vaste galerie de personnages qui la suivent sur scène malgré le passage du temps. Elle a également chanté des pièces de différents styles : opéras, opérettes, zarzuelas cubaines et espagnoles, et a eu le privilège d’interpréter les trois titres le plus importants de Giacomo Puccini : Madame Butterfly, La Bohème et Tosca. Tous les trois sont pour elle un souvenir d’adoration. De Giuseppe Verdi, La Traviata et Il Trovatore ; de Leoncaballo, Los Payasos ; La Caballería Rusticana de Mascagni. Son début en Madame Butterfly a été « quelque chose de beau et d’indélébile dans ma vie vocale. La Petit Japonaise m’a découverte au public, celui qui m’a accueilli avec une générosité et une dévotion immenses. Je n’avais jamais pensé qu’en interprétant La Traviata, j’allais recevoir tant d’éloges et de si longues ovations », a remarqué l’artiste.

Un autre enjeu vocal et scénique a été la Santuzza de Caballería Rusticana, et très difficile s’est avérée la Longina, cette noire de Guantanamo, de la belle et très cubaine œuvre du maitre Roberto Sanchez Ferrer sur la pièce homonyme d’Alejo Carpentier. Barrios a aussi eu l’honneur d’en faire sa première mondiale. Elle a beaucoup profité de La Leonora (Il Trovatore), la Georgetta (Il Tabarro), la Susanna (Il segreto di Susanna), Mimí (Tosca), La Viuda Alegre, Adriana (Los Gavilanes), Ascensión (La del Manojo de Rosa), la Matilde (La Esclava). En fin, tant de personnages, tous difficiles, toujours inoubliables pour la diva lyrique cubaine.

61 ans après cette première fois, l’artiste, qui a montré son art en Europe, en Amérique Latine et en Afrique, rappelle que dans chaque concert elle essaie d’offrir un peu de son vaste répertoire. C’est pour cela que la gorge privilégiée de notre éminente soprano Maria Eugenia Barrios aborde de nombreuses pièces, liées aux plus reconnus auteurs de tous les continents et styles : cubains, russes, allemands, français, polonais…, qu’elle a interprétées pendant toutes ces années de vie vocale active. Ces pièces ont beaucoup représenté dans son parcours artistique avec ses interprétations exceptionnelles où l’impeccable chanteuse vibre, mais aussi, avec de la force, l’actrice. Il est remarquable chez cette ARTISTE qu’à ses qualités vocales et à sa maitrise musicale et stylistique, elle ajoute, avec le temps, le don rare de l’expressivité scénique. Chaque pièce nous est offerte avec un sens théâtral, expressif et signifiant.

Beaucoup reste à dire de cette femme qui défie le temps et chante toujours. Elle nous fait vibrer d’émotion avec ses notes chaleureuses, vertueuses, sorties du plus profond de l’âme ! A ses origines, le maitre Gonzalo Roig l’a découverte et a prophétisé : « Maria Eugenia Barrios sera une grande chanteuse parce que chez elle vit d’une façon splendide une artiste naturelle et un grand tempérament passionné par son art ».

Prix

  • Parmi beaucoup d’autres, elle a reçu tout au long de sa vaste carrière artistique :
  • Le Prix du Grand Théâtre de La Havane Alicia Alonso
  • Artiste Emérite de l’Union Nationale d’Écrivains et Artistes de Cuba (UNEAC), lauréate pour Voix et Interprétation avec les personnages de Nedda de l’Opéra Los Payasos et Santuzza de Cavalleria Rusticana
  • Prix Cuba Disco 2015.
  • La Réplique de la baguette du Maitre Guillermo Tomás (ce dernier a été octroyé à elle seulement jusqu’à présent car il est donné seulement aux Chefs d’Orchestre et de bandes importants)

Toni Piñera
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Toni Piñera (La Havane, 1953) – Journaliste plus de 30 ans au journal Granma, critique d’art et danse, professeur à l’Académie Nationale des Beaux Arts San Alejandro, commissaire d’expositions d’art cubain (ancien directeur de la galerie La Acacia, La Havane), poète.

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