La Magia Sonora de ARS LONGA

La Magie Sonore d’Ars Longa

Dernière modification: février 6, 2023

Dans le temple de l’ancien Real Hospital de San Francisco de Paula (Alameda de Paula), à la Vieille Havane, se trouve le siège de ce célèbre groupe musical.

L’Ensemble de Musique Ancienne Ars Longa est un groupe différent car, même s’ils fouillent dans l’héritage sonore d’autrefois, ils ne font pas d’archéologie musicale. Ses présentations attrapent le spectateur avec ces tableaux vivants, pleins de fraicheur et d’harmonie, qui atteignent le format d’un jeu scénique dans lequel ils utilisent des répliques d’instruments originaux, des costumes et des éléments typiques du Moyen ge, de la Renaissance et du Baroque, du Vieux Continent et de notre Amérique.

Ars Longa, fondé en 1994 par Teresa Paz (directrice) et Aland López (guitare baroque, luth, vihuela), est intégré par des étudiants et des diplômés des Conservatoires de Musique de La Havane et de l’Institut Supérieur d’Art (ISA). Cet ensemble possède la magie de transporter l’auditoire des siècles en arrière à travers l’art musical ancien. Ils nous emmènent aussi à l’interprétation de la musique coloniale cubaine, en récupérant des pièces et d’auteurs inconnus du public actuel. Dès le début, ils ont gardé une relation étroite avec l’éminente musicologue Miriam Escudero, concernant les recherches sur la musique baroque cubaine : des chants de Noël, des cantates, des pièces de la Semaine Sainte, parmi d’autres qui ont été interprétées par le groupe.

Au départ, Ars Longa interprétait de la musique médiévale très proche de l’ambiance du théâtre, mais avec le temps, le groupe s’est enrichi musicalement. Bien qu’ils réalisent plusieurs danses dans leurs performances, bien documentées dans chaque époque, la partie musicale et vocale joue le rôle principal ; les éléments théâtraux et de danse viennent compléter et enrichir l’ambiance musicale. Ils soignent bien l’image esthétique : les costumes, la mise en scène, les mouvements en tant que des éléments du répertoire et la performance.

Ces derniers temps, à Ars Longa l’on peut observer une approche plus intime au esprit original de la musique interprétée, grâce, évidemment, à l’expérience qu’acquièrent ses membres et aux instruments d’époque qu’ils possèdent actuellement (flûtes à bec, basson, clairon, violons baroques, luth, vihuela, viole de gambe, guitare baroque, et beaucoup d’autres de percussion) qui apportent de la fidélité sonore. Il faut mentionner cette interprétation mesurée qui les a toujours caractérisés, mais qui s’est développée dans le plan vocal et instrumental. Avec tout cela, ils construisent une architecture musicale complexe éloignée de tout excès expressif.

Dans ces 27 ans de vie, l’Ensemble de Musique Ancienne Ars Longa a laissé ses empreintes artistiques dans d’importants festivals internationaux et tournées en Europe et en Amérique Latine et, bien sûr, à Cuba où ils réalisent un travail intéressant avec la communauté. Dans l’année 2000, ils ont fondé la Chorale Enfantine Cantus Firmus, consacrée aux enfants du Centre Historique de La Vieille Havane. C’est un projet qui participe, en plus, aux Festivals de Musique Ancienne Esteban Salas.

Le vaste répertoire du groupe inclut plusieurs styles comme la musique médiévale et de la Renaissance, du Vieux Continent, de l’Amérique et de Cuba. Il y a des exemples de la musique anglaise, avec des pièces de John Dowland des XVIème et XVIIème siècles; de grands maitres du baroque allemand : Bach, Haendel, Telemann, de l’Allemagne du XVIIIème siècle. Tandis que de la musique française, ils jouent des pièces du temps du Roi Soleil, des œuvres de Campra, Couperin, Marais, de Vissè et Lully du XVIIème siècle. Ils ajoutent des œuvres de l’Italie, du baroque américain des XVIIème et XVIIIème siècles, de la musique espagnole des XIVème, XVIème et XVIIème siècles, parmi d’autres.

De sa riche discographie, les titres suivants sont renommés : El eco de Indias (1998), une sélection de chants de Noël latino-américains des XVIIème et XVIIIème siècles ; Música sacra en La Habana (1999), qui contient des pièces jusqu’à ce moment inédites de compositeurs associés à la Cathédrale de La Havane et à l’église de Nuestra Señora de la Merced, des XVIIIème et XIXème siècles (ce disque-ci a obtenu le Prix Cubadisco 2000). Ils ont aussi créé Esteban Salas. Nativité à Santiago de Cuba (Prix Cubadisco 2002), Esteban Salas. Cantus in honore Beatae Mariae Virginia (Grand Prix Cubadisco 2003), Esteban Salas. Passio Domini nostri Jesu Christi (2004), Le Monde de la Musique, avec des œuvres de Gaspar Fernández…

Il y a plus de 20 ans déjà, le 18 octobre 2000, dans le cadre de la Journée de la Culture Cubaine, les portes de leur salle de concerts ont été bien ouvertes avec le patronage du Bureau de l’Historien de la Ville et en particulier d’Eusebio Leal qui, dès 1995, a beaucoup aidé le groupe. Dans le Temple du Real Hospital de San Francisco de Paula à l’Alameda de Paula, leur siège était donc inauguré. Avec une capacité pour plus de 150 spectateurs, la salle est bien décorée avec des tableaux d’artistes cubains renommés comme Roberto Fabelo, Zayda del Río, Cosme Proenza, Isabel Gimeno, Mario Aniceto Díaz, Nelson Domínguez qui a fait le dessein d’un beau vitrail réalisé par Rosa María de la Terga et le sculpteur Duvergel. C’est un trésor au cœur de la Vieille Ville.

Toni Piñera
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Toni Piñera (La Havane, 1953) – Journaliste plus de 30 ans au journal Granma, critique d’art et danse, professeur à l’Académie Nationale des Beaux Arts San Alejandro, commissaire d’expositions d’art cubain (ancien directeur de la galerie La Acacia, La Havane), poète.

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